Le Gamay noir à jus blanc, autrement nommé Gamay du Beaujolais, est surtout connu des amateurs de vins du Beaujolais. Cultivé dans ce vignoble depuis la fin du premier millénaire, autant dire que les générations successives de viticulteurs ont su apprendre les unes des autres pour, aujourd’hui, en retirer les meilleurs vins jamais produits dans le vignoble Beaujolais.
L’objectif de ce texte est simple : vous permettre de mieux comprendre la typicité des vins du Beaujolais. Une typicité obtenue grâce à ce cépage unique.
En guise de préambule, nous allons remonter aux origines du Gamay noir à jus blanc.
Des scientifiques ont pu démontrer, grâce à la génétique et à des marqueurs ADN spécifiques, que ce cépage est issu d’un croisement entre un plant de Pinot Noir et un plant de Gouais. Ce croisement remonterait au cœur du Moyen-Age, probablement quelques décennies avant l’An Mille. Il aurait été réalisé dans le Hameau de « Gamay », à Saint Aubain, à quelques kilomètres de Beaune.
Un paradoxe, en quelque sorte. C’est là où le Pinot Noir est roi que le Gamay a vu le jour, voilà plus de mille ans.
Pendant plusieurs siècles, le Gamay et le Pinot Noir étaient élevés conjointement en Bourgogne. Toutefois, en juillet 1395, suite à l’Edit de Dijon prononcé par Philippe III de Bourgogne, le Gamay est interdit en terres bourguignonnes.
La décision est prise d’arracher les plans de Gamay jusqu’au niveau de Mâcon.
La raison est celle d’un souverain, amateur de bonne chair et de bon vin : le Gamay noir à jus blanc ne s’épanouissait pas pleinement sur les sols de Bourgogne. Les vins produits était d’une quantité toujours exceptionnelle mais jamais de très bonne qualité, voire de souvent médiocre. Selon le souverain, le Gamay noir à jus blanc était un « vil et deloyault plant » , qui n’avait plus sa place sur ses terres. Des terres qui se devaient de produire des vins d’exception.
C’est par ce geste que Philippe III, duc de Bourgogne, signe l’acte de naissance du vignoble Beaujolais. Un Beaujolais qui aura la seule jouissance du Gamay noir à jus blanc pendant de longs siècles.
Pourtant, on peut facilement imaginer que le souverain du Duché de Bourgogne ait pensé à tuer le Gamay d’une part, et surtout le vignoble Beaujolais qui faisait concurrence à ses terres. Rappelons que le Beaujolais faisait partie du Royaume de France et non du Duché de Bourgogne, à cette époque. Toutefois, cette volonté n’est pas arrivée à son terme : la qualité des vins produits sur les terroirs Beaujolais, grâce au Gamay Noir à jus blanc, va surprendre très rapidement, et intéresser pour sa qualité d’une part, et sa précocité d’une autre part.